Obélisque de Louxor : un cadeau de Méhémet Ali, vice-roi d'Égypte
L'obélisque de Louxor était un cadeau, en signe de bonne entente avec Méhémet Ali et à l'instigation du baron Taylor et de Jean-François Champollion (1790-1832 - le premier à traduire les hiéroglyphes). Méhémet Ali l'offre(1) au roi Charles X et à la France au début de l'année 1830. En fait, le cadeau comprend les 2 obélisques érigés devant le temple de Louxor. Le second obélisque, resté en place, vient d'être officiellement rendu à l'Egypte par le président François Mitterrand le 26 septembre 1981.
(1) En échange des obélisques, Louis-Philippe 1er offrit en 1845 une horloge en cuivre qui orne aujourd'hui la citadelle du Caire. Pour l'anecdote, elle n'a jamais fonctionné, du moins selon les Cairotes, ayant probablement été endommagée lors de la livraison.
Les bâtisseurs de l'obélisque de Louxor
Cet obélisque, avec son jumeau resté en Égypte, se dressait à l'entrée du temple de Louxor sous le règne de la dynastie des Ramsès II. C'était au 13e siècle avant Jésus-Christ.
Remarque : la face ouest (actuellement orientée sud-sud-ouest) est traversée par une fissure jusqu'à un tiers de la hauteur, qui a été consolidée depuis l'Antiquité au moyen de deux queues d'aronde.
Le transport de l'obélisque de Louxor à Paris
Un navire, spécialement construit, fut affrété à cet effet, le Louxor, commandé par Raymond de Verninac Saint-Maur. Il s'agissait d'une barge à fond plat, à usage unique, de construction inhabituelle (cinq quilles, proue amovible) dont les dimensions avaient été étudiées en fonction des ponts de la Seine.
Le navire quitte Toulon en avril 1831. Il remonte le Nil en août. Le navire embarque sur le monolithe en décembre après la construction d'un canal pour se rapprocher de l'obélisque. Le navire redescend le Nil en août 1832, jouant avec le niveau de crue du fleuve.
Le navire est remorqué par la corvette à vapeur et à voile Sphinx sur la route Alexandrie - Rouen, via Toulon. De retour à Toulon en mai 1833, il arrive à Paris en août 1834 après avoir fait le tour de l'Espagne et remonté la Seine depuis Rouen après une escale à Cherbourg. L'obélisque de Louxor est alors déposé couché sur le quai au début de la rue du Cours-la-Reine.
Érection de l'obélisque le 25 octobre 1836, au milieu de la place de la Concorde
L'érection en grande pompe de l'obélisque de Louxor est une opération périlleuse réalisée le 25 octobre 1836. L'obélisque est aligné sur l'axe historique de Paris, qui va de l'Arc de Triomphe du Carrousel (dans le Jardin des Tuileries - Voir article) à l'Arche de la Défense, en passant par le Jardin des Tuileries, l'Avenue des Champs-Élysées et l'Arc de Triomphe sur la Place de l'Etoile Charles de Gaulle.
L'obélisque de Louxor est haut de 23 mètres et pèse 222 tonnes. Il est fait de syénite, un granit rose que l'on trouve en abondance autour d'Assouan en Égypte.
L'obélisque a été classé monument historique en 1937.
Le socle en pierre provient de Bretagne, dans l'ouest de la France, et non d'Égypte
Il faut ajouter les 240 tonnes du socle constitué de blocs de granit rose provenant de l'Aber-Ildut, une carrière de Bretagne à l'ouest de la France (initialement destinée à l'érection d'une statue de Louis XVI). Deux de ses faces montrent l'enlèvement, le transport et le remontage de l'Obélisque, les deux autres portent une inscription rappelant le patronage du projet par le roi Louis Philippe et faisant allusion à l'engagement égyptien de la France depuis Napoléon 1er.
Hiéroglyphes sur les faces de l'Obélisque
Parmi les hiéroglyphes figurant sur chaque face, on trouve le cartouche de Ramsès II, où le roi fait une offrande au dieu Amon-Rê.
Pour une traduction complète des hiéroglyphes de l'Obélisque de Louxor sur la Place de la Concorde, cliquez sur F. CHABAS (Traduction faite en 1868)
La pyramide au sommet de l'obélisque
Le sommet de cet obélisque de Louxor est surmonté d'un pyramidion (élément pyramidal couronnant le sommet d'une pyramide et plus généralement d'un monument tel qu'un obélisque), aussi pointu qu'étincelant, haut de 3,60 m, recouvert de bronze et de feuilles d'or. Ce revêtement, installé en mai 1998, après quelques hésitations et sur l'insistance de l'égyptologue Christiane Desroches Noblecourt, est censé remplacer un précédent ornement sommital emporté lors des invasions en Egypte au VIe siècle.
Un cadran solaire ou un obélisque ?
L'obélisque sert également de cadran solaire. Des chiffres et des lignes romains sont tracés au sol par des incrustations métalliques autour du centre de la place de la Concorde.
Add a review