Fontaines de la Concorde à Paris, compagnes inséparables de l'Obélisque

Les Fontaines de la Concorde sont les deux fontaines situées de part et d'autre de l'Obélisque de la place de la Concorde dans le 8e arrondissement de Paris. Elles sont appelées la Fontaine des Mers au sud (Côté Seine) et la Fontaine des Fleuves au nord (Côté Rue Royale). L'obélisque a été inauguré en 1836 et les fontaines en 1840.

Rénovation de la place de la Concorde

C'est Louis-Philippe Ier qui décide d'ériger l'obélisque de Louxor sur la place de la Concorde, où "il ne servira de souvenir à aucun événement politique". L'opération, véritable prouesse technique, est réalisée le 25 octobre 1836, sous la direction de l'ingénieur de la marine Apollinaire Lebas, en présence de plus de 200 000 personnes.
Entre 1836 et 1846, la place est transformée par l'architecte Jacques-Ignace Hittorff, qui conserve le principe imaginé par Gabriel.

L'addition de 2 fontaines monumentales

Il ajoute deux fontaines monumentales - la Fontaine des Mers et la Fontaine des Fleuves - de part et d'autre de l'obélisque, et entoure la place de lampadaires et de colonnes rostrales. La place est ainsi une célébration du génie naval français, en référence à la présence du ministère de la Marine dans l'un des deux hôtels construits par Gabriel. Les deux fontaines sont inaugurées le 1er mai 1840 par le préfet Rambuteau.

Les prouesses techniques des fontaines de la Concorde

En 1837, Jacques Ignace Hittorff, chargé des grands travaux de transformation de la place de la Concorde, commande des fontaines à la fonderie Muel de Tusey, dans la Meuse. Elles devaient être réalisées par le fondeur parisien Calla, mais c'est la fonderie Tusey à Vaucouleurs qui remporte le marché. Les parties les plus symboliques de la fonte ont été dorées.
A. Guettier, ingénieur des Arts et Métiers⁽¹⁾, alors responsable des ateliers de Muel, a soigneusement noté dans ses registres les techniques utilisées, les méthodes de moulage, les étapes de noyautage et de coulée, ainsi que la nature des sables et des fontes employées. Ce précieux document, parvenu jusqu'à nous, est une source d'inspiration pour les restaurations les plus récentes. L'ensemble de la fontaine pèse environ 50 tonnes. Un bel ouvrage.

(1) L'Ecole des Ingénieurs Arts et Métiers est une grande école qui existe encore aujourd'hui sous le nom d'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM). Elle a été fondée en 1780, 14 ans avant l'Ecole Polytechnique, par le Duc de La Rochefoucauld-Liancourt, pour éduquer les pupilles de son régiment de cavalerie, qui deviendra le 11e Dragons. Curieusement, à une centaine de mètres de là, au 9 rue Royale, le duc de la Rochefoucauld décède le 27 mars 1828. Son enterrement a fait l'objet d'événements à la fois douloureux et rocambolesques.

Fontaines célébrant l'eau et Paris
Les deux fontaines de 3 mètres de haut célèbrent la navigation fluviale (celle du côté nord, face à la rue Royale) et la navigation maritime (celle du côté sud, face à la Seine). Elles évoquent également l'emblème de la Ville de Paris, qui représente une nef (un bateau) voguant au vent, flottant sur l'eau (la Seine). Elle est surmontée d'une bande (le chef de l'écu) constellée de fleurs de lys d'or. La devise est "Fluctua nec mergitur" (battu par les flots mais ne coulant pas).
la fontaine fluviale présente des personnages assis représentant le Rhin et le Rhône, les produits des régions arrosées (raisin, blé, fruits, fleurs), des statues de la navigation fluviale, de l'agriculture et de l'industrie.

La fontaine maritime comporte six figures colossales représentant l'océan, la Méditerranée, les poissons, le corail, les perles et les coquillages. Des cygnes se mêlent à trois génies symbolisant la navigation maritime, le commerce et l'astronomie.

Pour la création artistique des statues qui ornent ces fontaines, l'architecte Hittorff a fait appel à plusieurs artistes : Jean-François-Théodore Gechter, Honoré-Jean-Aristide Husson, François Lanno, Nicolas Brion, Auguste-Hyacinthe Debay, Antoine Desboeufs, Jean-Jacques Feuchère, Antonin-Marie Moine, Jean-Jacques Elshoecht (dit Carle Elshoecht) et Louis-Parfait Merlieux.

Autres decorations de la Place de la Concorde contemporaines des fontaines

Les colonnes rostrales (grandes colonnes triomphales destinées à commémorer les victoires navales ou les campagnes maritimes victorieuses), d'une hauteur de 9,60 m, portent des proues de navire adaptées à l'éclairage au gaz. Le même choix de fonderie a été fait pour les colonnes rostrales, également en fonte et réalisées dans la même fonderie lorraine.
Par ailleurs, huit statues féminines se dressent sur de petits pavillons appelés guérites de Gabriel. Elles représentent huit villes françaises. Brest et Rouen par Jean-Pierre Cortot (1897-1833), Lille et Strasbourg par James Pradier (1790- 1852), Lyon et Marseille par Louis Petitot (1760-1840) et Bordeaux et Nantes par Louis-Denis Caillouette (1790-1868).

La fontaine de Strasbourg a été drapée de noir à partir de 1871, date du rattachement de l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne.

Restaurations des fontaines de la place de la Concorde

Au départ, l'idée des fontaines en fonte paraissait terriblement moderne, et l'exécution difficile fut néanmoins menée à bien.
Leur entretien est plus problématique. Victimes de la rouille dès le premier hiver, les fontaines de la place de la Concorde ont fait l'objet de nombreuses campagnes de restauration et de remises en peinture fréquentes. Un premier cuivrage est effectué en 1841, suivi d'un second en 1861. Détériorée lors des événements de la Commune en 1871, la fontaine des Mers, et dans une moindre mesure la fontaine des Fleuves, ont fait l'objet d'importants travaux de rénovation. Au fil du temps, les réparations effectuées à l'aide de plaques métalliques et de feuilles de cuivre ont été progressivement usées par l'oxydation naturelle de la fonte, contribuant au vieillissement incontrôlé de la fontaine.

Le grand projet de restauration de 1999-2000 et les suivants

Pour redonner aux fontaines de la place de la Concorde leur éclat d'antan, un grand projet de restauration a été récemment entrepris. Voté en 1998, il a suivi le projet architectural et technique établi par Etienne Poncelet, architecte en chef des monuments historiques. Le chantier s'est déroulé de février 1999 à mars 2000. Confiée aux ateliers Oudry, la restauration a concerné l'ensemble de la statuaire, bassins en fonte et statues recouvertes de feuilles de cuivre martelées, à l'exception des statues des bassins, en bronze depuis 1932. La virtuosité technique et la créativité de l'œuvre ont donné lieu au dépôt de nouveaux brevets. La fontaine des Mers, la plus endommagée, a fait l'objet d'une attention particulière.

Pour chaque fontaine, une nouvelle structure en acier inoxydable a été conçue. Les éléments en fonte ont été restaurés dans la mesure du possible ou reconstitués par moulage avant de subir une série de traitements. Les effets d'eau restaurés ont été mis en valeur par un éclairage modernisé.

En 2017, un nouveau projet a permis de prolonger la beauté des fontaines de la place de la Concorde de manière permanente.

Plus récemment, en 2022, les travaux de restauration ont porté sur la mise en teinte et l'application d'une couche de cire protectrice sur l'ornementation (dorure et bronze), ainsi que sur l'étanchéité des bassins et des vasques avant leur remise en service.

Les Jeux Olympiques de 2024 et la place de la Concorde

Les épreuves de basket 3×3, de breakdance, de BMX freestyle et de skateboard se dérouleront sur la place de la Concorde. Elle accueillera également la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques.
En effet, la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques est prévue le 28 août 2024 au soir.
Ce soir-là, pour accueillir l'arrivée des 4 400 para-athlètes issus de 184 délégations, pas moins de 35 000 personnes pourront prendre place dans les tribunes provisoires installées de part et d'autre du site, tandis que 30 000 personnes devraient pouvoir s'installer - gratuitement - sur la partie basse des Champs-Élysées.

Films tournés dans ou à proximité des fontaines

La place de la Concorde apparaît dans de nombreux films. Les fontaines sont notamment utilisées dans les films suivants:

1951 : Un Américain à Paris, de Vincente Minnelli (une partie des scènes de danse finales est tournée dans une reproduction d'une des deux fontaines, le film ayant été tourné en studio)
1961 : L'Amant de cinq jours, de Philippe de Broca
1971 : Les Palmiers du Metropolitan de Jean-Claude Youri avec Linda Thorson et Maurice

2011 : Le timelapse parisien Le Flâneur [archive] de Luke Shepard comprend une séquence sur la fontaine maritime.
2012 : LOL USA, de Lisa Azuelos
2013 : Des gens qui s'embrassent ; scène du baiser échangé par Lou de Laâge et Max Boublil.

Vidéo musicale tournée près des fontaines

1981 : le clip de la chanson Pour le plaisir, interprétée par Herbert Léonard, sur des paroles de Julien Lepers, a été tourné sur la place de la Concorde. On y voit l'obélisque et des détails d'une des deux fontaines.