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La Rochefoucauld-Liancourt Mansion
9 rue Royale
75008 Paris

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  • Bus : lignes 42, 45, 52, 72, 73, 84, 93 - Tootbus Paris de la RATP - Lignes de nuit (Noctilien) N11 et N24
  • Parkings : Rue de Ponthieu - Champs-Elysées - Haussmann Berri
Address

La Rochefoucauld-Liancourt Mansion
9 rue Royale
75008 Paris

Coordinates Latitude Longitude
Sexagesimal (°, ', ") 48° 52′ 03″ N 2° 19' 21″ E
Degré décimal (GPS) 48.86769 2.32253
Full description

Le Duc de la Rochefoucauld-Liancourt (François Alexandre Frédéric de) est décédé le 27 mars 1827 à Paris au 9 rue Royale (8ème arrondissement, tout près de la Place de la Concorde). Une plaque commémorative est appliquée sur l'immeuble. Il est né le 11 janvier 1747 au Château de la la Roche-Guyon dans le département de l'Oise.

Le décès du Duc de la Rochefoucauld-Liancourt : une perte reconnue par le peuple

Alors qu' il était jusqu'alors très actif jusqu'au 23 mars 1827 (deux mois après ses 80 ans), il se sentit brusquement fatigué. Il décéda en sa résidence parisienne du 9 de la rue Royale dans l'après-midi du mardi 27 mars. Il refusa jusqu'à son dernier souffle les pratiques religieuses auxquelles il ne croyait pas: «]e suis d'accord sur le fond, mais non sur la forme". Il était d'ailleurs plus proche des protestants dont beaucoup étaient ses amis.

Ses obsèques eurent lieu en l 'église Notre-Dame de !'Assomption à quelque centaine de mètres, rue Saint-Honoré. Le trajet du corbillard jusqu'à la porte de Clichy, en route vers Liancourt (60 km au nord de Paris), fut particulièrement mouvementé. Une foule de plus de 50 000 personnes avait répondu à un appel lancé la veille dans le journal «le Constitutionnel» : «Tous les bons citoyens, tous les chefs d'atelier et de manufactures, tous les artistes, tous les ouvriers doivent à la patrie d'accompagner au lieu de sa sépulture les restes d' un de nos grands citoyens.»

Un enterrement tristement rocambolesque

Rendant un vibrant hommage au Duc, les gens du peuple manifestèrent par la même occasion leur hostilité au pouvoir ultraroyaliste en place et au roi Charles X, peu estimé (il sera renversé 3 ans plus tard en août 1830).

Par ailleurs, vénérant leur inspecteur, bienfaiteur et créateur de leur école, les élèves des centres des Arts et Métiers de Châlons sur Marne et d'Angers voulurent lui rendre un dernier hommage en portant le cercueil. Mais la confusion est telle et la foule si nombreuse, que la police croit à une manifestation politique, charge les porteurs dans la rue Saint-Honoré. Cette confrontation et des heurts avec les élèves firent chuter le cercueil l'endommageant gravement. Même sa mort fut donc comme sa vie une affaire de bataille.

Le cortège funèbre jusqu'à Liancourt, le domaine du Duc

Le cortège arriva dans la soirée à Liancourt et il fallut toute la nuit au menuisier pour réparer les dégâts. Le Duc fut mis en terre le 3I mars au matin à l'emplacement qu'il avait choisi dans le parc de sa propriété avec une simple pierre tombale.

En 1831 , le roi Louis- Philippe 1er demanda le transfert des cendres au Panthéon - ce que la famille refusa, respectant la volonté du Duc de reposer au milieu des habitants de son cher Liancourt. Son petit-fils, qui l'admirait, fera réaliser plus tard une petite chapelle, qui portait, inscrite au fronton, la maxime de son aïeul : «Heureux celui qui a compris les besoins du pauvre.»

Le domaine de Liancourt sera vendu en 1919, mais ce n'est que trente ans plus tard, en 1949, que la dépouille du Duc, à la demande des Ingénieurs des Arts et Métiers et de la Commune et en accord avec la fa mille, rejoindra le tombeau de son petit-fils au cimetière du village.

La Fondation des Arts et Métiers à Liancourt (Oise)

Aujourd'hui, une partie du domaine de Liancourt dont « la Ferme de la Montagne» a été achetée par la Fondation des Arts et Métiers, issue de la Société des Ingénieurs Arts et métiers. Le Centre historique Arts et Métiers de Liancourt (Oise) est installé dans la «ferme de la Montagne » du château, berceau historique de l’École. Ce domaine de 2 hectares, comprenant 1 300 m2 de bâtiments construits au XVIIIe siècle, abrite plusieurs secteurs d’activités. En effet, il réunit un musée, un centre d'archives et une fondation. Le musée est consacré à l’histoire des La Rochefoucauld-Liancourt, à celle de l’École des Arts et Métiers et de ses Centres, ainsi qu’à divers travaux des élèves et des professeurs.

Dans le centre d'archives sont recueillis et conservés des documents historiques venant principalement des Gadzarts (nom familier des Ingénieurs Arts et Métiers) et de l’École. La Fondation est un lieu qui s’est donné pour mission d’initier les plus jeunes aux sciences et aux technologies.

Les Ingénieurs des Arts et Métiers (ENSAM)

La Société des Ingénieurs Arts et Métiers comprend aujourd'hui 34 000 membres inscrits toujours en vie (Ingénieurs Gadzarts). A noter que cette Grande École (ENSAM) a formé plus de 100 000 élèves depuis sa fondation ce qui fait d'elle une des plus importante école française d'ingénieurs. Son objectif est d'être le grand établissement de technologie français, au service des entreprises Elle fait partie depuis 2013 de Hautes Ecoles Sorbonne Arts et Métiers Université (HESAM).

Note : La Société des Ingénieurs Arts et Métiers est aussi propriétaire d'un Hôtel particulier au 9 bis Avenue d'Iéna à Paris (75016) qui est le siège de la Société. Mais cette  adresse est aussi celle d'un restaurant gastronomique à prix abordable ouvert à tous et non seulement à aux membres Ingénieurs. Il fait partie d'une Pause restaurant de notre Promenade auto-guidée entre le Palais de Chaillot et l'Arc de Triomphe.

Celui par qui tout est arrivé : François Alexandre Frédéric Duc de la Rochefoucauld-Liancourt – Ses ancêtres

Par sa mère, il descendait de Louvois ; par son père, Louis François Armand de Roye de La Rochefoucauld, duc d'Estissac (1695-1783), il descendait aussi du chancelier Séguier (1588-1672) et, parmi ses ancêtres, figurait François de La Rochefoucauld (1613-1680), le célèbre auteur des Maximes.
Tout d'abord, il embrasse la carrière des armes : mousquetaire (1763), colonel du régiment de dragons La Rochefoucauld-cavalerie (1770), maréchal de camp (1788).
En 1765, par décision du Roi, il devient duc de Liancourt ; il sera fait duc de La Rochefoucauld plus tard, en juillet 1822, titre hérité de son cousin, massacré pendant la révolution, en 1792 à Gisors (Oise).

Accueilli comme un fils par le duc de Choiseul, il lui resta fidèle après sa disgrâce, ne consentit jamais à paraître chez Mme Du Barry (Maitresse de Louis XV) et se montra rarement à Versailles, « où le roi Louis XV, a écrit son fils, lui montrait un visage sévère et mécontent». Comme Paris l'ennuyait et Versailles plus encore, il s'attacha à sa terre de Liancourt en Beauvaisis, qui était passé, au dix septième siècle et par succession, de la maison du Plessis de la Roche-Guyon dans celle de La Rochefoucauld-Liancourt.

Le Duc de la Rochefoucauld-Liancourt et les Encyclopédistes

Le duc de Liancourt est un esprit du XVIIIe siècle, admirateur des encyclopédistes, Diderot, d'Alembert et Grimm. Il était favorable aux idées des physiocrates, en particulier de leur fondateur, François Quesnay (1694-1774). Mais, il prétendait ne jamais » s'être égaré » dans une loge maçonnique, malgré les sollicitations de ses amis d'Alembert, Condorcet et du baron d'Holbach.

Comme son père, Liancourt est un grand seigneur anglophile attiré par les idées politiques et économiques d'outre-Manche. C'est au retour d'un séjour en Angleterre (1769) et de sa rencontre avec l'économiste anglais Arthur Young qu'il crée sur ses terres de Liancourt (Oise), une ferme modèle, remplace les jachères par des prairies artificielles, introduit la pomme de terre et le navet et importe des bestiaux sélectionnés. Dans les années 1780, il y associe plusieurs manufactures (fabrique de cordes, filature de coton et de laine, tuilerie-briquetterie).

La création de l'Ecole qui deviendra "des Arts et Métiers"

Désirant ajouter la bienfaisance à ces innovations, il crée une école technique pour les orphelins et les enfants des militaires pauvres de son régiment (1780). Agréée par le Roi (approuvée par le maréchal de Ségur et le comte de Guibert) en août 1786, pour la formation de cent élèves, l'école de la Montagne, à Liancourt, est le premier établissement français d'éducation élémentaire et technique, considérée comme l’École fondatrice des Arts et Métiers d'aujourd'hui (ENSAM).

En 1783, succédant à son père, le duc de Liancourt qui avait la charge de Grand-Maître de la garde-robe du roi, est devenu de ce fait un proche de Louis XVI.

Le Duc de la Rochefoucauld-Liancourt philanthrope en avance sur son temps

Le duc considère aussi qu’un aristocrate doit justifier les privilèges que lui confèrent sa naissance, sa fortune et son instruction en se mettant au service de la nation. Pour cela, il se fait à la fois industriel, agronome, directeur d’école, inspecteur des hôpitaux et des prisons, président du comité de la vaccine… « Il faut contribuer à répandre les sentiments de charité et de commune bienveillance si propres à faire régner la paix sur terre », dit-il dans un discours inaugural du 19 décembre 1821. Parmi les prix décernés par la société, on retrouve les grands combats de La Rochefoucauld-Liancourt : la lutte contre l’esclavage, l’abolition de la peine de mort, l’interdiction des jeux et des loteries.

Le Duc et l'éducation : le pivot de son action

L'éducation est la pierre angulaire de sa conception de la société. « Celui qui saurait lire instruirait les autres. Tous voudraient savoir lire. Ce désir impuissant pour les gens âgés serait utile aux enfants et le bien s’opérerait ».

L'éducation a été au centre de son action. Dans ce contexte, il est pour lui indispensable d’instruire « le peuple » et de former des ouvriers compétents, il s’agit bien là d’instruire et non d’éduquer. Aussi l’enseignement, selon le duc, se doit d’être presque exclusivement « utile ». Les deux frères Molard, François Emmanuel en tant que directeur de l’École des arts et métiers de Beaupréau (déplacée en 1815 à Angers), et dans une moindre mesure Claude Pierre en tant qu’administrateur du Conservatoire des arts et métiers, ont travaillé de concert dans cette perspective avec le duc de La Rochefoucauld-Liancourt.

Napoléon 1er et la référence de l'Ecole de Liancourt

Sous le Consulat, Bonaparte visita plusieurs fois l'Ecole de Liancourt. Il visita également, à Compiègne, l'un des collèges du Prytanée français, organisé militairement, mais où l'on donnait l'enseignement classique sans utilité réelle. Napoléon 1er ne « gouttait guère » le duc mais savait reconnaître ses qualités. Sur son ordre l'école de Liancourt est transférée et fusionnée avec l'école de Compiègne quelques jours après une visite à Compiègne.

Sous l'impulsion des savants Monge, Berthollet et Chaptal, le Prytanée de Compiègne est transformé en une École d'Arts et Métiers. Le Moniteur du 6 ventôse an XI (25 février 1803) annonçait qu'à partir du mois suivant l'instruction donnée au collège de Compiègne aurait pour but de former de bons ouvriers et des chefs d'atelier. L'établissement était placé sous l'autorité du ministre de l'intérieur et il prit ultérieurement le titre d'Ecole d'arts et métiers. On y transporta les élèves de Liancourt comme référence. Trois ans après cette transformation, La Rochefoucauld, sollicité par le ministre de l'intérieur, consentit à y aller faire une enquête, et, à la suite de sa première visite, qui eut lieu le 4 juillet 1806, il reçut le titre d'inspecteur général.

L'Empereur, tout en appréciant ses qualités, ne le comptait pas parmi ses proches. Après son retour d’exile, La Rochefoucauld ayant repris et développé à Liancourt ses entreprises d'industrie cotonnière, il le décorera tout de même du ruban de la Légion d'honneur comme manufacturier.

L'enseignement mutuel, un enseignement moderne

Le duc fut l'un des premiers à s'intéresser à l'introduction dans notre pays de la méthode dite de « l'enseignement mutuel ». Il traduisit, dans cette intention, l'ouvrage que Lancaster avait publié en 1810, et le fit imprimer sous ce titre : Système anglais d'instruction, ou Recueil complet des améliorations et inventions mises en pratique aux écoles royales en Angleterre (in-8°, 1815).

Pendant la période des Cent-Jours, le savant Carnot (Lazare - mathématicien, physicien) le fit entrer dans le Conseil d'industrie et de bienfaisance, dont l'une des attributions devait être la diffusion de l'enseignement populaire par le moyen de la nouvelle méthode. Quand, à la même époque, la Société pour l'instruction élémentaire se fonda, La Rochefoucauld-Liancourt fut élu l'un des premiers pour faire partie du conseil d'administration. Quoique déjà vieux à cette époque, nous le voyons suivre de près le mouvement de propagation des écoles mutuelles. En janvier 1817, il adresse à la Société un rapport sur l'école mutuelle établie à Beaurepaire, près de Pont-Saint -Maxence (Oise), par la baronne de Curnieu, qui en dirigeait personnellement les exercices.

Lui-même établit à Liancourt deux écoles mutuelles, l'une de garçons, l'autre de filles, celle-ci tenue par des religieuses.

Le Duc de la Rochefoucauld-Liancourt et la lutte contre la variole en France

Edward Jenner, médecin de campagne anglais, a créé le premier vaccin contre la variole efficace en 1796. Il découvre que les personnes infectées par la vaccine, une maladie bénigne des vaches, sont immunisées contre la variole. En transmettant la vaccine à un enfant et en lui inoculant ensuite la variole, il observe que l’enfant ne développe pas la maladie.
Suite à ses voyages au Royaume Uni (en tant qu'émigré), le duc connaissait bien l'efficacité de la « vaccine » contre la variole. Il en fut l'un des principaux propagandiste et devint le Président du Comité de la vaccine.

Le Duc et la religion

L’influence des protestants sur la morale et sur sa conception de l’éducation de l'époque est patente. Le duc côtoie les milieux protestants et tisse des liens avec Genève où les La Rochefoucauld ont tenu salon (Saussure, Bonnet, Lesage, Tronchin...) et avec Berne où sa femme a élu domicile dès les débuts de la Révolution.

Ses voyages, sont tous en pays protestants, en Angleterre, aux États-Unis, dans l’Europe du Nord. Aucun en Italie ou en Espagne. Parmi ces protestants dont il est si proche, on se contentera ici de citer Delessert, dont la famille est originaire du canton de Vaud, son compagnon de route que l’on retrouve partout à ses côtés, au Comité de la vaccine et à la Caisse d’épargne.

On notera aussi son souci d’aider les juifs : « Je reçois Messieurs, votre circulaire par laquelle vous invitez les amis de l’industrie à prendre part à une souscription ouverte en faveur de l’instruction des enfants pauvres israélites de Nancy. Je prendrai volontiers part à cette souscription » Ce qu’il fait pour un montant de 20 francs. Les enfants juifs sont admis à l’École des arts et métiers tant que La Rochefoucauld-Liancourt en est inspecteur. Liancourt efface les clivages religieux, du moins, quand il s’agit d’instruction.

Il refusa d'ailleurs jusqu'à son dernier souffle les pratiques religieuses auxquelles il ne croyait pas: «]e suis d'accord sur le fond, mais non sur la forme".

Le Duc de la Rochefoucauld-Liancourt et ses engagements politiques sous l'ancien régime

Il ne fréquentait pas la Cour de Louis XV qu'il n’appréciait guère du fait de son irresponsabilité de roi et son mode de vie. Sous Louis XVI et suite à l'héritage de son père de la charge de Grand Maître de la Garde-Robe, il devint un intime du roi. Mais parmi les gens qui entouraient Louis XVI, peu avaient les connaissances du duc des pays Anglo-Saxons et de leur modernisme ou des Encyclopédistes qui préconisaient des renouvellements fondamentaux difficiles à apprécier par les nobles de la Cour. Il était donc plutôt isolé et rarement présent.

Cependant, ce fut le duc de La Rochefoucauld, en tant que Grand-Maître de la garde-robe et pénétrant jusqu'à Louis XVI dans la nuit du 14 au 15 juillet, le faisait réveiller pour lui apprendre les mouvements populaires qui duraient dans Paris depuis le 9 juillet. A la question du roi :« Mais c'est donc une révolte? » , le Duc lui répondit ce mot si connu : « Non, sire, c'est une révolution ».

Le Duc de la Rochefoucauld et la Révolution

En 1789, il est favorable aux principes d'une monarchie constitutionnelle. Élu député de la noblesse aux États généraux qui se sont tenus du 5 mai au 27 juin 1789, il était représentant du bailliage de Clermont-en-Beauvaisis, Mais il soutienait le Tiers-état.

Le 18 juillet 1789, le duc de Liancourt fut porté à la présidence de l'Assemblée Nationale. Il avait déjà publié ou il publia à cette époque plusieurs travaux de politique financière et d'économie sociale.

À la fin de son mandat, il abandonna la vie politique pour reprendre du service en Picardie, puis à Rouen, comme lieutenant général.

La fuite du Roi à Varennes et la fin de l'dée d'une monarchie constitutionnelle

A la fuite manquée des 20 et 21 juin 1791 — plus connue sous les noms de « fuite de Varennes » ou « fuite à Varennes ». Peu de jours après le « fatal retour » du roi, le duc ose démasquer à la tribune les projets des démagogues, dans la séance du 14 juillet 1791 « Disons la vérité tout entière, le roi n'est bravé que par des factieux ; c'est à la royauté qu'on en veut. C'est le trône qu'on veut renverser.»

Après la cession parlementaire, le duc de la Rochefoucauld est chargé du commandement d'une division militaire en Normandie. Le duc de Liancourt s'efforce d'y pacifier les esprits.

Il commandait à Rouen comme lieutenant-général à l'époque du 10 août 1792. Cette journée révolutionnaire consomme la chute de la monarchie constitutionnelle. Lorsque la nouvelle de ces événements lui parvient, il fait prêter serment de fidélité au roi et à la constitution, par toutes les troupes régulières et milices sous son commandement.

La position politique du Duc de la Rochefoucauld : la Monarchie Constitutionnelle

Représentant la noblesse dans l'Assemblée Constituante, mais soutenant le Tiers-Etat, sa position a pu paraître ambiguë à nombre de ses pairs. Mais en réalité, il voulait pour la France une Monarchie Constitutionnelle, comme il avait pu le voir au Royaume Uni. Louis XVI, était semble-t-il, d'accord avec lui .

En juillet 1792, le duc de Liancourt, avait eu l'occasion de faire offrir à Louis XVI par l’intermédiaire de M. Bertrand de Molleville, son ministre, toute sa fortune sous la seule réserve de 100 louis de rente par an. Un premier prêt de 190 000 livres semble avoir été réalisé avec la promesse d'y joindre 900 000 livres dans la première quinzaine d'août, A cette occasion, les paroles du duc rapportées par M. de Molleville sont précises « Vous avez peut-être cru, comme beaucoup d'autres, que j'étais démocrate, parce que j'ai été du côté gauche ; mais le roi, qui a connu jour par jour mes sentiments, ma conduite et mes motifs, et qui les a toujours approuvés, sait mieux que personne que je n'étais pas plus démocrate qu'aristocrate, mais que j'étais tout uniment un franc et loyal royaliste ... »

La journée du 10 août 1792 le conduit à démissionner de son poste le 14 août 1782 de son poste de commandant en Normandie. Il émigre aussitôt en Angleterre, où l'économiste Arthur Young le reçoit, puis aux États-Unis (1794). Il y retrouve Talleyrand et rencontre Hamilton et également Thomas Jefferson, « le père de la Déclaration d'Indépendance américaine ».

L'Emigré Duc de la Rochefoucauld-Liancourt

Destitué peu de jours après sa démission et vivement poursuivi par ses ennemis, il ne parvient à leur échapper qu'en s'embarquant au Crotoy (Baie de Somme) et en passant en Angleterre, où il séjourne.

Son cousin a eu moins de chance. Louis Alexandre de La Rochefoucauld a été massacres le 4 septembre 1791 à Gisors (assassiné par lapidation par les révolutionnaires devant sa mère et sa femme) et le titre de duc de La Rochefoucauld passa à son cousin germain, le Duc François Alexandre Frédéric de Liancourt qui reprend le titre de duc de La Rochefoucauld (Officialisé en 1822).

Jusqu'en 1794, il vit dans la petite ville de Bury. Il s'y lie avec le célèbre économiste Arthur Young. De l'exil il écrit, lors du jugement du roi, à Barrère, président de la Convention, pour lui demander à témoigner en faveur du roi ; mais cette démarche est vaine.
Il quitte alors l'Europe en 1794, et parcourt en observateur et en philosophe les États-Unis. Il voyage, étudie, écrit beaucoup des traités économiques et techniques.

Peu apprécié du Comte de Provence, futur Louis XVIII alors en exil, il ne se mêle que peu à son entourage d'exilés et en 1797 il sollicite sans succès l’autorisation de rentrer en France. Réfugié chez son fils à Altona près de Hambourg en février 1798, il attendra jusqu'à la fin de 1799 (et après le coup d'état de Bonaparte du 18 Brumaire) l'autorisation de rentrer en France, sans doute avec l'aide de Talleyrand qu'il avait côtoyé pendant son exil à Philadelphie. Il avait écrit à ce sujet :
« Cette démarche, écrivait-il, me coûte horriblement ; elle semble un acquiescement à ce que je croirais devoir appeler une injustice. Mais je suis rongé de chagrins, accablé de malheurs, et je sens qu'il me faut promptement ou sortir ou y succomber. »

Le retour en France du Duc de la Rochefoucauld-Liancourt

Il rentra en France après le 18 brumaire (novembre 1799) et vécut dans la retraite en s'occupant seulement d'œuvres de bienfaisance jusqu'au jour où sa radiation de la liste des émigrés fut prononcée. Il rentra alors dans la possession de la seule partie de ses biens qui avait été conservée par le gouvernement comme biens nationaux..

Dans cette restitution se trouvait compris le château de Liancourt où, dès l'année 1780, il avait fondé une vaste école dans laquelle 25 fils de soldats recevaient l'entretien et l'éducation nécessaires pour devenir dans l'armée de bons ouvriers ou des sous-officiers instruits. Le gouvernement accordait une solde de 7 sous par jour pour la nourriture de chacun des élèves ; tout le reste était à la charge du fondateur. Telle a été l'origine de la célèbre école des Arts et Métiers qui, après avoir doublé la richesse et la population du village de Liancourt, a été transférée successivement à Compiègne et à Châlons-sur-Marne, toujours dirigée par le duc de la Rochefoucauld, sous le titre d'inspecteur général du Conservatoire national des arts et métiers.

En 1800 il est le premier à importer en France la vaccination qui sert à prévenir de la variole . Le procédé, mis au point par l'anglais Edward Jenner, consiste à inoculer à l'être humain la vaccine de la vache, maladie qui est bénigne chez l'homme et qui le préserve ensuite de la variole, qui elle peut être mortelle. Il est décoré de la Légion d'honneur en 1810 par l'Empereur.

Le retour des Bourbons sur le trône

Louis XVIII ne lui rendit pas sa charge de Grand Maître de la Garde-Robe et se contenta de l'appeler à la Chambre des pairs le 4 juin 1814, le créant pair de France, sous le titre de duc de la Rochefoucauld,
Il restera l'ami de la royauté tout en repoussant les opinions des ultras.

Il exerce ensuite plusieurs fonctions publiques à titre gratuit, défend l’abolition de la Traite des Noirs, et l’interdiction des jeux et loteries. Il fonde le 15 novembre 1818, la Caisse d'Épargne et de Prévoyance de Paris, première caisse d'épargne de France.

Nommé en 1816 membre du conseil général des hôpitaux, il s'occupe activement de la Société de la morale chrétienne
Au titre d'inspecteur-général et de président du conseil de perfectionnement du conservatoire des Arts et Métiers, il était aussi membre du conseil général des prisons, du conseil général des manufactures, du conseil général d'agriculture, du conseil général des hospices de Paris et du conseil général de l'Oise. Toutes ces fonctions étaient sans traitement, et exigeaient au contraire de continuels sacrifices.

Mais les rois Bourbons (Louis XVIII puis Charles X) ne sont pas les amis du duc de la Rochefoucauld, contrairement à leur frère Louis XVI. Il est renvoyé de toutes ses activités à partir de l'ordonnance royale du 14 juillet 1823, et au mois d'août il a cessé d'être président du comité de vaccine alors que tout le monde sait «que ce fut du château de Liancourt que s'était répandue dans toute la France la vaccine, cette découverte importante, qui a tant ajouté aux droits que la maison de la Rochefoucauld s'était acquis depuis six siècles à la reconnaissance publique; ce fut encore dans ce château que fut fondée l'une des premières écoles les mieux ordonnées d'enseignement mutuel ». Il jouissait d'une extrême popularité, lorsqu'il est atteint brusquement, le 23 mars 1827, de « la maladie » qui l'emporte le 27 mars 1827 au 9 rue Royale.

La vie bien remplie de François Alexandre Frédéric de la Rochefoucauld-Liancourt

Après avoir sauvé momentanément la monarchie, en convainquant le roi de ne pas s'opposer à la Révolution, le duc de Liancourt est propulsé sur le devant de la scène politique. Il devient même un temps le président de l'Assemblée nationale.
Tout au long de sa vie, il se charge de mettre en place le concept « d'assistance publique », développant l'idée très moderne que « tous les Français doivent être égaux en matière de soins ».
Dans le même esprit, François de La Rochefoucauld est aussi le fondateur de l'école d'Arts et Métiers, pour aider les plus méritants déshérités. Il participera aussi à la création de la Caisse d'épargne, toujours dans la logique d'aider la population la plus pauvre à progresser.
Ce sont toutes les facettes qui font du Duc de la Rochefoucauld-Liancourt un homme résolument moderne. Une exposition lui a été consacrée en 2023 au château de La Roche-Guyon (Oise) dont les bâtiments appartiennent encore aujourd'hui à ses descendants.

Les écrits et documents écrits par la Duc de la Rochefoucauld-Liancourt

On a de lui un très grand nombre d'écrits sur l'agronomie, l'abolition de la peine de mort, la politique, les finances et fiscalité, la géographie, la sociologie.et des rapports sur la mendicité, sur l'état des hôpitaux et des prisons du royaume, sur la formation d'ateliers de secours pour les indigents, etc.

La Rochefoucauld a également publié plusieurs brochures sur les caisses d'épargne et d'autres écrits populaires sous le nom du père Bonhomme.

Cet article est largement inspiré de six articles parus dans le Magazine des Arts et Métiers entre mai 2018 et décembre-janvier 2019 et écrits pas Michel Mignot, ingénieur Arts et Métiers et historien de la Fondation Arts et Métiers Liancourt.

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