Pigalle est le nom d'un quartier de Paris, situé autour de la place Pigalle, il comprend les rues situées des deux côtés des boulevards de Clichy et Marguerite-de-Rochechouart, et s'étend sur les 9e et 18e arrondissements. La place doit son nom au sculpteur Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785).
Pigalle et l'histoire
La Place s'appelait autrefois la "Place de la Barrière-Montmartre".
En 1785 en effet, les fermiers généraux (Administration fiscale de l'époque) chargés de récolter les impôts royaux demandèrent à l'architecte Ledoux de cerner la capitale d'une enceinte fiscale, qui coupa la commune de Montmartre en deux : Montmartre intra-muros (le 9ème actuel) fut soumis aux taxes. L'autre partie de Montmartre restée "hors Paris" sans taxe (sorte de "zone franche") jusque dans les années 1860, ce qui a permis son développement. L'arrondi de la Place Pigalle s'est dessiné autour des trois arcades de la barrière d'octroi de Ledoux, démolies en 1861.
Les rues alentour étaient, à la fin du XIXe siècle, un quartier d'ateliers de peintres et de cafés littéraires fréquentés par les "viveurs", danseurs, demi-mondaines. Le plus réputé fut la Nouvelle Athènes. Elle a inspiré beaucoup plus tard une chanson célèbre de Georges Ulmer : « Un p'tit jet d'eau, une station de métro, entourée de bistrots, Pigalle... ». Au bord de la fontaine justement, se tenait un marché aux modèles pour les peintres impressionnistes de la fin du 19è siècle comme Manet.
A voir dans les environs immédiats
Au n° 13 (Hôtel Royal) sont sculptés des chevaux ailés et des chimères du sculpteur du 18ème siècle Jean-Baptiste Pigalle. C'est son nom qui a donné celui de la place (et du quartier).
À voir aussi :
- Café de la Nouvelle Athènes. 9 place Pigalle à Paris (France). Il a été de 1871 à la fin du XIXe siècle, un lieu de rencontre des artistes peintres du mouvement impressionniste. Il servit de décor à plusieurs tableaux célèbres, comme l'absinthe de Degas, et La Prune, de Manet. On y retrouve Suzanne Valadon dans le tableau "Au café la Nouvelle Athènes" peint en 1885 par Federico Zandomeneghi, peintre divisionniste italien.
- Musée de la vie romantique à quelques 250 m, au 16 de la rue Chaptal, dans l’hôtel Scheffer-Renan, ancienne demeure du peintre d'origine hollandaise Ary Scheffer (GPS : 48° 52′ 52″ Nord 2° 19′ 59″ Est). Au rez-de-chaussée du pavillon construit en 1830, le musée expose les souvenirs de la romancière George Sand, qui venait en voisine rendre visite aux peintres. Les salons y restituent son art de vivre avec des peintures, dessins, sculptures, meubles, bijoux et objets de vitrine provenant de sa demeure de Nohant-Vic en Berry. À l'étage, les salles évoquent la mémoire d'Ary Scheffer comme de ses contemporains - et du philosophe Ernest Renan, devenu son neveu par alliance. Voir Listing (https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_de_la_vie_romantique)
Pigalle, un quartier aujourd'hui touristique
Le Quartier de Pigalle est renommé pour être un haut lieu touristique (il se situe en contrebas de la butte Montmartre). Même si le temps où se croisaient à Pigalle les truands, les policiers et les clients semble lointain, on y trouve encore quelques sex shops et bars spécialisés. Cependant, les boîtes de nuit, les cabarets célèbres, les enseignes multicolores et néons qui donnent l'image d'un quartier chaud sont pour beaucoup aujourd'hui un décor pour touristes. Le quartier Pigalle comprend plusieurs salles de spectacles, cabarets :
Aujourd'hui, c'est aussi le quartier des magasins d'instruments de musique (guitares, claviers, enregistrement...). On en trouve de nombreux, boulevard de Clichy, rue Victor-Massé et rue de Douai.
L'histoire de Pigalle dans l'imaginaire d'aujourd'hui, commence en 1881
L'histoire de Pigalle, en tant que quartier chaud, débute en 1881 avec l'ouverture, dans un ancien bureau de poste, du cabaret Le Chat noir. C'est au 84, boulevard Marguerite-de-Rochechouart dans lequel travaille Aristide Bruant. Bruant reprend le cabaret en 1885, le déménage rue Victor Massé et le renomme Le Mirliton. En octobre 1885, Maxime Lisbonne, de retour de Nouvelle-Calédonie où il purgeait une condamnation à perpétuité suite à sa participation à l'insurrection de la Commune de Paris en 1871. Amnistié en 1880, ouvre La Marmite, il y présente des spectacles osés et va inventer le striptease au Divan japonais.
En 1889, un autre cabaret, Le Moulin-Rouge, s'installe au bas de la butte Montmartre . Il est rapidement suivi par de nombreux restaurants et bars. La clientèle des quartiers habituels du plaisir nocturne se presse autour de la porte Saint-Martin et de la porte Saint-Denis. Les souteneurs suivent et fréquentent le bal de nuit de l'Élysée-Montmartre, au 80, boulevard Rochechouart. Le quartier est immortalisé par des artistes tels que Henri de Toulouse-Lautrec, Pablo Picasso, Vincent van Gogh, Maurice Neumont, Salvador Dalí.
L'arrivée du "milieu du crime" dans le Quartier de Pigalle
Vers 1910, le "milieu du crime" s'installe dans les quartiers de Pigalle et de Montmartre. Place Pigalle, les cafés, La Nouvelle Athènes, La Kermesse, Le Petit Maxim's, L'Omnibus, accueillent chaque nuit truands et souteneurs. À La Kermesse règne l'équipe de Coco Gâteau. Les souteneurs cherchent des filles, pour en faire des prostituées qui seront envoyées dans les bordels jusqu'en Argentine et aux États-Unis. Les tables de jeu prolifèrent avec des joueurs professionnels utilisent des cartes maquillées.
En 1918, avec les restrictions, sur l'alcool et la lumière, seuls les bordels restent ouverts après 21 heures. Ils sont désormais aux mains des vrais hommes du "milieu". Dans les années 1930, Pigalle devient l'épicentre de la pègre, les truands y installent leurs affaires place Blanche, place Pigalle, et dans les rues environnantes (rue Fontaine, rue de Bruxelles). Ils y règlent aussi leurs comptes. Leurs maisons closes sont essentiellement dans le 9e arrondissement. Ce sont deux mille filles qui travaillent dans les 177 bordels, avec des prostituées dans les rues tous les cinq mètres.
Les caïds de la traite des blanches
Les caïds de la traite des blanches se retrouvent place Blanche, à la brasserie Graff et au café de la Place Blanche qui accueille dans son sous-sol une boîte privée L'Aquarium où encore au Rat mort, au Pigall's ou au Monico. Le champagne à flots. Ils sont aussi au dancing Le Petit Jardin au "26 boulevard de Clichy". Le Tahiti est un encore un des lieux de chasse préféré des souteneurs. Les artistes comme Joséphine Baker, Duke Ellington, Ernest Hemingway, Pablo Picasso et John Steinbeck s'y encanaillent. Au "66 rue de Pigalle", le Bricktop's devient l'un des cabarets de jazz parmi les plus fameux des années 1930.
L'âge d'or de Pigalle 1930 et 1960
En 1932, débute une guerre dans le milieu, les truands "corses" s'en prennent aux truands "parisiens". Des meurtres ont lieu devant L'Ange rouge, La Boule noire et le Zelly's. La police multiplie les interventions et les fermetures des cabarets. Peu avant la guerre, l'héroïne arrive en masse. Elle se vend dans les bars et les restaurants, et son commerce est contrôlé par des truands comme Joseph Rocca-Serra, Vincent Battestini et André Antonelli.
La Seconde Guerre mondiale et l'Occupation allemande n'apportent pas beaucoup de changement aux affaires des truands du quartier. Les cercles privés, les tripots clandestins, les cabarets, les dancings, les boîtes de nuit et les bordels continuent à recevoir de la clientèle. Les membres de la Gestapo aiment se retrouver place Pigalle, au Dante et au Chapiteau, et rue de Pigalle, au Chantilly et à L'Heure Bleue.
À la Libération, la nouvelle loi Marthe Richard interdit désormais en France les maisons closes. Cette décision ne fait pas disparaître la prostitution. Les prostituées se retrouvent dans la rue ou travaillent dans les hôtels de passe. À la fin des années 1950, la" bande des Trois Canards", du nom du bar qui leur servait de quartier général, rackettent les hôtels de passe et les filles qui y travaillent. Les bars les plus courus sont Le Charly's et Le Petit Noailles.
Dans les années 1960, la police intervient. De nombreux hôtels de passe sont poursuivis pour proxénétisme et leurs propriétaires sont obligés peu à peu de les fermer. Le nombre de prostituées diminue parallèlement, mais le quartier reste très populaire pour faire la fête avec ses fêtes foraines, ses baraques de striptease et ses bars à hôtesses. Le nombre de truands dans le quartier diminue fortement durant cette même période. Ils se contentent désormais d'y investir leurs gains.
Dès le début des années 1970, avec la libération des mœurs, les premiers cinémas pornographiques s'installent, les boutiques de sex-shops se multiplient ainsi que les salons de massages, et les premiers live-shows apparaissent, dans lesquels des couples font l'amour en public.
Films tournés à ou sur Pigalle
Une trentaine de films ont été tournés en relation avec Pigalle, en particulier:
- Maigret à Pigalle
- 56 rue Pigalle, réalisé en 1948 par Willy Rozier
- Pigalle-Saint-Germain-des-Prés, réalisé en 1950 par André Berthomieu
- Bob le flambeur, réalisé en 1956 par Jean-Pierre Melville
- Le Désert de Pigalle, réalisé en 1958 par Léo Joannon
- Zazie dans le métro, réalisé en 1960 par Louis Malle
- Les Ripoux, réalisé en 1984 par Claude Zidi
- Ripoux contre ripoux, réalisé en 1990 par Claude Zidi
- Pigalle, réalisé en 1994 par Karim Dridi
- Le Mille et un soleils de Pigalle, réalisé en 2006 par Marcel Mazé
- Pigalle, documentaire de 109 min réalisé en 2006 par Pascal Vasselin
- Pigalle, la nuit, série dramatique française, réalisé en 2009
- Le Pigalle, une histoire populaire de Paris, documentaire de 60 min réalisé en 2017 par David Dufresne, Arte
La chanson et Pigalle
La littérature sur Pigalle
Les auteurs René Fallet, Francis Carco, Auguste Le Breton, André Héléna et Georges Simenon ont aussi écrit sur Pigalle.
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