Les Galeries Lafayette Haussmann sont fondées en 1893, elles ne sont qu'une modeste boutique achetée par Théophile Bader et Alphonse Kahn, deux cousins alsaciens. C'était quelques années après le lancement du Printemps et plus de quarante ans après celui du Bon Marché. En 130 ans, tout a changé.
Premier immeuble au 40 Boulevard Haussmann, Paris 79009 - le bâtiment principal "La Coupole"
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Une croissance impressionnante
Mais ce que vous voyez aujourd'hui a commencé en 1894. Théophile Bader et Alphonse Kahnn ouvrent les Galeries Lafayette à l'angle de la rue La Fayette et de la rue de la Chaussée-d 'Antin. Le magasin est idéalement situé à proximité du tout nouvel Opéra Garnier, des Grands Boulevards et de la gare Saint-Lazare. Il attire rapidement les employés de bureau et la petite et moyenne bourgeoisie.
En 1896, la société achète tout l'immeuble du 1, rue La Fayette et, en 1903, les immeubles des 38, 40 et 42, boulevard Haussmann, ainsi que le 15, rue de la Chaussée-d 'Antin. Georges Chedanne puis Ferdinand Chanut sont chargés de l'aménagement de ces nouvelles acquisitions.
En 1900, l'enseigne Aux Galeries Lafayette est déposée et en 1908, le premier magasin du boulevard Haussmann est ouvert.
Le nouvel essor de 1912
En octobre 1912, le nouveau magasin est inauguré. Il comprend 96 rayons, un salon de thé, une bibliothèque et un salon de coiffure. Il compte cinq étages, des balcons et une grande coupole.
En effet, le 8 octobre 1912, l'immense coupole Art nouveau est inaugurée : d'architecture circulaire, son point culminant est à 43 mètres du sol, cette coupole de verre est couronnée par dix piliers de béton (un matériau très moderne pour l'époque, et que Théophile Bader affectionnait).
Les décors ont été réalisés par des maîtres de l'Art nouveau nancéien : Édouard Schenck (grappes métalliques sculptées de motifs floraux), Jacques Grüber (vitraux néo-byzantins) et Louis Majorelle (ferronneries des balcons et des escaliers à triple volée).
Cette dernière, inspirée du style byzantin, se compose de dix groupes de vitraux peints, enchâssés dans un cadre métallique richement sculpté de motifs floraux. Les balustres des étages inférieurs, ornés de feuillages, sont de Louis Majorelle, qui a également dessiné la rampe de l'escalier.
Selon le souhait de Théophile Bader, la lumière dorée de la coupole inonde le grand hall, avec son escalier d'honneur, et fait scintiller la marchandise.
Au sommet du bâtiment, une terrasse offre une vue sur Paris et sa nouvelle Tour Eiffel.
Les premières étapes à l'international
En 1916, les Galeries Lafayette ont déjà 27 ans et le concept de bazar de luxe imaginé par ses fondateurs Théophile Bader et Alphonse Kahn est en plein essor à Paris.
Les deux cousins décident d'exporter le concept dans d'autres pays, notamment au Maroc, alors sous protectorat français. Leurs gendres, propriétaires de la société française "Paris-Maroc", disposent déjà d'un immeuble nouvellement construit dans le centre de Casablanca, place de France. Au premier étage, ils installent des "magasins modernes", avec l'annotation en bas : succursales des Galeries Lafayette Paris.
Depuis lors, l'histoire des Galeries de Casablanca est étroitement liée à celle de l'immeuble. Le bâtiment a été conçu par les célèbres frères Perret, "les pères du béton". Ils ont également conçu le théâtre des Champs Elysées, qui a ouvert ses portes en même temps que l'immeuble Casablanca.
Le coup de pub de 1919 avec l'aviateur Jules Védrines "au manche à balai"
En janvier 1919, Jules Védrines, pilote et as de la guerre 1914-18, fait atterrir son avion, un Caudron G III, sur la terrasse du magasin du boulevard Haussmann, malgré l'interdiction de la préfecture de Paris. La piste avait 28 mètres de long, 12 mètres de large. Il empoche le prix de 25 000 francs offert pour cet exploit. Il devient ainsi le premier délinquant aérien de l'histoire de l'aviation. Une plaque commémore l'événement sur la terrasse des Galeries Lafayette.
Après quelques réparations de l'avion, il redécollera de la terrasse pour retourner à son terrain de départ d'Issy-les-Moulineau. Ce deuxième exploit était un jeu d'enfant pour Védrines, dont la spécialité pendant la guerre était de déposer et reprendre des passagers derrière les lignes allemandes (il a fait 53 expéditions ce ce genre), dans des conditions inimaginables.
Il meurt à Saint-Rambert-d'Albon le 21 avril 1919, dans l'écrasement de son avion lors de l'inauguration de la ligne Paris-Rome.
De nombreux autres événements commerciaux ont lieu au fil des ans, comme la visite d'Édith Piaf en 1950, qui accepte de chanter à une époque où elle est la vedette préférée des Français.
Les expositions et les "3J"
En 1953, les Galeries Lafayette inaugurent un nouveau concept de distribution en lançant la première d'une longue série d'expositions.
En 1958, c'est le lancement des "3J", des objets d'actualité de grande qualité vendus à des prix exceptionnellement bas pendant trois jours.
Une succession d'initiatives sans précédent dans le commerce de luxe
Entre 1952 et 1956, les premiers escalators sont installés, les halls intérieurs sont supprimés et deux étages sont ajoutés.
En 1969, un nouveau magasin, dédié à la mode masculine, est construit de l'autre côté de la rue de Mogador.
Les Galeries Lafayette s'imposent également comme un acteur majeur de la création, révélant chaque saison de nouveaux talents en mettant à disposition de petites boutiques à l'intérieur du magasin : Daniel Hechter, Pierre Cardin, Cacharel, Yves Saint Laurent, entre autres.
En 1974, le grand escalier est démonté et, en 1984, le premier étage central est modifié pour accueillir des boutiques de prestige.
Le succès est au rendez-vous
En 1975, les Galeries Lafayette Haussmann, avec leurs 47 800 m2 de surface de vente, deviennent le premier grand magasin de France, avec un chiffre d'affaires supérieur à celui du Printemps, du BHV Rivoli, de la Samaritaine et du Bon Marché.
En 1980, le magasin affirme sa vocation pour la mode en créant le Festival de la Mode qui connaît un grand succès.
La mode, la mode et encore la mode
En 1996, les Galeries Lafayette fêtent leur 100e anniversaire. Pour l'occasion, de grandes marques rééditent l'un de leurs grands classiques.
En 2009, un espace de vente de 3 000 m2 dédié à la chaussure féminine est ouvert au 1er sous-sol. Cela en fait le deuxième plus grand magasin de chaussures au monde, derrière le Selfridges de Londres.
2010 voit l'ouverture d'une Bordeauxthèque, la plus grande cave à vins de Bordeaux au monde (1 500 références).
Le centenaire du dôme
En 2012, le dôme fête ses 100 ans. Après un nettoyage en profondeur, un nouveau système d'éclairage est installé, conçu par l'artiste Yann Kersalé.
Arrivée massive d'une clientèle chinoise et internationale
Depuis quelques années, et jusqu'en 2019, les Chinois sont devenus la première clientèle étrangère des Galeries Lafayette Haussmann, devant les Américains et les Japonais. Depuis le 1er septembre 2009, les ventes des clients chinois ont doublé. Selon le magasin, ils achètent principalement des parfums et des accessoires, et sont particulièrement attachés au luxe et au savoir-faire français.
Pour les accueillir, le magasin a mis en place une équipe d'une douzaine d'employés parlant le mandarin et le cantonais. Des plans en chinois et des kits de bienvenue ont été conçus pour faciliter la découverte du magasin.
Mais les Chinois ne sont pas les seuls clients asiatiques. D'autres pays sont également représentés : le Japon, la Malaisie et la Thaïlande, par exemple. Ces clients asiatiques sont accueillis dans le magasin haussmannien par des agents parlant ces différentes langues, dans une zone "Asie" spécialement aménagée.
Expansion des Galeries Lafayette
En 2005, les Galeries Lafayette comptaient 63 magasins, dont 10 affiliés et 5 magasins hors de France : Berlin, Casablanca, Dubaï, Jakarta et, depuis 2013, Pékin.
Le 16 septembre 2015, les Galeries Lafayette ont dévoilé un nouveau plan de communication intitulé " le nouveau chic ", incluant un nouveau logo.
Le groupe Galeries Lafayette et ses marques propres
Le magasin du boulevard Haussmann est le "vaisseau amiral" du groupe et aussi son plus grand. Mais il n'est que la partie émergée de l'iceberg qui émerge de la mer, car l'ensemble du groupe comprend les enseignes suivantes :
- Galeries Lafayette : 19 magasins en propre, 38 franchises, 5,4 millions de visiteurs sur le site Internet
- dont les Galeries Lafayette Paris Haussmann : 37 millions de visiteurs annuels, 70 000 m².
- et Galeries Lafayette Champs-Elysées, nouveau concept, 6500 m².
- La Redoute : 12 millions de visiteurs uniques par mois, 90% des ventes en ligne
- Eataly : 1 magasin, 1600 vins italiens, 900 références d'épicerie fine
- Louis Pion, distribution horlogère, 118 magasins et points de vente
- Galeries Lafayette - Royal Quartz Paris, haute horlogerie, 16 magasins
- BazarChic et Galeries Lafayette Outlet : 2 millions de membres actifs
- Mauboussin : haute horlogerie et joaillerie en centre-ville, plus de 100 points de vente.
Le groupe réalise un chiffre d'affaires annuel de 4,5 milliards d'euros. Il est détenu par la famille Moulin.
En novembre 2023, le groupe annonce que les Galeries Lafayette Haussmann ont à nouveau franchi la barre du milliard d'euros de chiffre d'affaires, Il était de 1 613 993 000 € pour l'exercice 2019 (avant Covid).
Propriétaires du groupe Galeries Lafayette : la famille Moulin
Jusqu'en 2005, le groupe a toujours été dirigé par les descendants du fondateur Théophile Bader, les familles Moulin et Meyer. A cette date, la famille Meyer a cédé ses parts. La famille Moulin et BNP Paribas se partagent la propriété du Groupe. En 2009, la famille Moulin a repris le contrôle total du Groupe.
La famille Moulin est également actionnaire de plusieurs autres entreprises. En 2014, par exemple, la famille Moulin a acquis une participation de 6,1 % dans Carrefour. En 2015, elle contrôlait 9,5 % du groupe. La famille dispose de deux sièges au conseil d'administration, occupés par Philippe Houzé et Patricia Lemoine. En 2016, elle est devenue le premier actionnaire du groupe, détenant 11,51 % et 15 % des droits de vote. Elle est également propriétaire de quatre vignobles bordelais, dont le Château Beauregard.
En 2018, la fortune de la famille Moulin était évaluée à 3,9 milliards d'euros. En 2020, Challenges la classe comme la 35e famille la plus riche de France, et calsse la matriache Ginette Moulin (96) la 5e femme la plus riche avec 3 milliards d'euros.
Les Galeries Lafayette au cinéma
Les Galeries Lafayette ont servi de décor à plusieurs films :
- dans "Les Chinois à Paris" de Jean Yanne, sorti en 1974, une armée d'occupation chinoise envahit les Galeries Lafayette
- et dans "Peur sur la ville", avec Jean-Paul Belmondo, une mémorable course-poursuite se déroule sur les toits et à l'intérieur du magasin. En même temps que les coups de feu, un leitmotiv retentit : "Il se passe toujours quelque chose aux Galeries Lafayette".
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