Construction du Palais-du-Louvre par 13 rois sur 8 siècles

La construction du Palais-du-Louvre est indissociable de l'histoire de Paris et de la France Elle s'étend sur plus de 800 ans, dans des contextes historiques et politiques variés. Une partie des travaux a été commencée puis abandonnée pendant des décennies. Malgré cela, l'unité architecturale du Palais a été respectée.

La construction du "Palais-du-Louvre" médiéval

Il s'agit d'une simple forteresse défensive située immédiatement à l'extérieur de la partie occidentale de la grande muraille entourant la ville décidée par le roi Philippe Auguste (1165 - 1223) (Philippe II). Le Louvre était alors constitué d'une enceinte rectangulaire de 72 et 78 mètres de côté. Elle était renforcée par dix tours de défense, avec au centre un donjon de 15 mètres de diamètre et de 32 mètres de haut.

Sous le règne du roi Saint-Louis (1214 - 1270), (Louis IX) le château du Louvre subit un important agrandissement. Le trésor royal y est également transféré, donnant un nouveau caractère à la forteresse.

Mais c'est sous Charles V, (le Sage) qui fait construire un nouveau rempart entre 1360 et 1383 pour protéger la ville de Paris qui s'est agrandie.  Le Louvre est alors inclus dans ce nouveau système défensif. En plus de son rôle protecteur, il devient l'une des résidences du roi et de la cour.

Note
De l'autre côté de la Seine, à la même époque, le Parlement de Paris est installé dans le Palais de l'Ile de la Cité (actuel Palais de Justice de Paris). Sa fonction était plus "administrative" et surtout judiciaire.   Il devient le siège de l'aspect souverain de l'autorité du roi, dans sa fonction la plus éminente : la justice. (Voir article - à visiter également). Le Louvre apparaît ainsi comme le siège de l'autorité féodale du roi pour équilibrer le pouvoir du Palais Royal de la Cité.

Charles V (1338 - 1380), grand amateur d'art, transfère une partie de sa bibliothèque (900 volumes) au Louvre. C'est le timide point de départ de la fonction culturelle du Louvre.

Les débuts de l'actuel Louvre

Le plan général du palais n'est pas imaginé avant la Renaissance (1400 - 1600). Charles V (1338 - 1380) est le premier roi de France à y établir sa résidence, donnant au palais le statut de résidence royale. Il a conservé ce statut jusqu'au règne de Louis XIV (1638 - 1715).

La construction du Palais-du-Louvre à la Renaissance

En 1527, François 1er décide de faire du palais du Louvre sa résidence principale à Paris. Il fait démolir le donjon central (1528). Il confie à l'architecte Pierre Lescot le projet de construire un palais moderne dans l'esprit de la Renaissance.

À la mort du roi (1547), la Construction du Palais-du-Louvre est à peine commencée, mais le projet est poursuivi (et modifié) par son successeur Henri II (1519 - 1559). Cependant, à la mort d'Henri II en 1559, le château du Louvre est encore très médiéval, ne possédant qu'une seule aile de style Renaissance.

Note :
Henri II a été tué accidentellement par une lance lors d'une fête et que ce même roi avait pour maîtresse la bien nommée Diane de Poitiers.

La Construction du Palais-du-Louvre et Catherine de Médicis

La reine Catherine de Médicis (régente de 1560 à 1563) fait poursuivre les travaux de l'aile sud. Dans sa "maison de Quen", Catherine place de nombreux compatriotes italiens dans une cour de haut rang. Elle est également à l'origine de la création d'importants jardins, de grandes écuries, et du palais voisin des Tuileries (incendié en 1871) qui jouxte la construction du palais du Louvre. (Voir notre article Jardin des Tuileries). La construction du palais des Tuileries a commencé en 1564.

Le Louvre, la résidence des rois de France

La construction du Palais-du-Louvre sert de résidence à la famille royale lorsqu'elle vient à Paris. Sous le règne d'Henri III (de France) (aussi roi de Pologne), qui débute en 1574, il devient la résidence principale du roi de France et le restera jusqu'à l'installation de Louis XIV à Versailles en 1682.

Le mariage de Marguerite de Valois avec Henri III de Navarre

L'un est catholique, l'autre protestant et roi de Navarre (quelques années plus tard, il deviendra roi de France sous le nom d'Henri IV). À cette époque, il est encore Henri III, roi de Navarre, un petit royaume situé entre la France et l'Espagne. Le mariage a lieu le 18 août 1572. Il ne fut accepté ni par les catholiques intransigeants, ni par les Parisiens très catholiques, ni par le pape Grégoire XIII, qui demanda la conversion du fiancé au catholicisme.

La construction du Palais-du-Louvre pendant les guerres de religion (8 conflits entre 1562 et 1598)

Mais c'est l'amiral Gaspard de Coligny, haut dignitaire mais protestant, et les deux jours qui suivent sa tentative d'assassinat, qui plongent la France dans les guerres de religion. De Coligny échappe à l'assassinat le 22 août 1572, mais pas pour longtemps.

Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, a lieu le massacre des protestants à la Saint-Barthélemy. Commencé à Paris le 24 août, il s'étend à une vingtaine de villes de province dans les semaines et même les mois qui suivent.

Durant cette nuit atroce, trois seigneurs viennent achever de Coligny dans son lit et livrer son corps à la populace, dans des conditions horribles.

Après de multiples péripéties, en l'absence d'héritier pour Henri III de France, son cousin Henri III de Navarre devient légitimement héritier du trône et roi des Français 17 ans plus tard, en 1589, sous le nom d'Henri IV.

La construction du Palais-du-Louvre et Henri IV

Arrivé à la tête d'un pays en ruine en 1589, le nouveau souverain donne un nouvel élan à la construction du Palais-du-Louvre. Son objectif est de relancer l'économie par de grands travaux publics. Cette volonté d'agrandir le Louvre, qui prend le nom de Grand Dessein, s'accompagne de la rénovation du quartier environnant.

Le Grand Dessein poursuit plusieurs objectifs :

• la suppression des vestiges du Louvre médiéval ;
• la construction d'une cour carrée sur le socle de l'aile Lescot déjà construite (surface multipliée par quatre par rapport à celle de la cour médiévale) ;
• la réunion du Louvre au palais des Tuileries. Henri IV fait construire la grande galerie du Louvre, le reliant au palais des Tuileries (incendié en 1871).
• L'expropriation des quartiers situés entre les deux palais.

Mais l'assassinat d'Henri IV en 1610 stoppe les travaux, tandis que le quartier se densifie encore. Les parties nord et est du Louvre médiéval restent en place.

Le Louvre sous Louis XIII (roi de 1610 à 1643) et Louis XIV jusqu'en 1682

En 1624, Louis XIII (fils d'Henri IV) reprend d'abord les travaux de la Cour Carrée, tout en respectant le style initial de Lescot et en donnant un rôle important aux pavillons. Ainsi, au nord de l'aile Lescot, Lemercier fait construire le pavillon de l'Horloge, qu'il prolonge par une autre aile identique à celle de Lescot. Le but était de conserver une symétrie harmonieuse et de doubler l'escalier Henri II par un escalier improprement appelé escalier Henri IV.

Sous Louis XIV, ce n'est qu'après l'entrée du roi à Paris, le 21 octobre 1652, que son ministre Mazarin s'intéresse à l'aménagement des appartements du Louvre. Il faut attendre une ordonnance royale du 31 octobre 1660 pour que le grand dessein soit à nouveau repris. En 1664, Colbert (ministre principal) prend en charge la surintendance des bâtiments du roi.  Pour lui, le Louvre est avant tout un projet politique.

La pose de la première pierre de la façade orientale a lieu le 19 novembre 1667, après le choix du roi du 13 mai. L'opération la plus délicate fut la pose de deux pierres formant la "Cimaise" du fronton, chacune longue de 17 mètres et large de 2,50 mètres. C'est en 1672 que la pose de ces pierres fut réalisée. Depuis leur taille dans une carrière à Meudon (en région parisienne), l'opération dura 3 ans.

Mais Louis XIV avait déjà commencé à s'intéresser à la construction du château de Versailles depuis 1664. L'abandon de la construction du Palais-du-Louvre au profit de Versailles en 1682 laisse inachevés les travaux de la façade orientale du Louvre.

Le Louvre laissé par Louis XIV pendant la Révolution

Abandonné par Louis XIV au profit de Versailles, le Louvre est rapidement déserté, n'étant occupé qu'occasionnellement lors de visites royales ou de conseils. Le Grand Dessein et l'œuvre de Colbert sont abandonnés. La cour carrée n'est pas achevée et la colonnade est sans toit. Un quartier dense subsiste entre le Louvre et le Palais des Tuileries. Alors que l'aristocratie déserte les lieux, une nouvelle population plus pauvre s'y installe.

En 1672, le Palais-du-Louvre est occupé par des académies (d'artistes). Outre les académies qui y étaient installées, le Louvre était le lieu de résidence des artistes eux-mêmes qui y circulaient librement. Le Louvre se détériore donc peu à peu, provoquant bientôt des réactions de la part des penseurs contemporains.

Dans les années 1750, sous Louis XV, le marquis de Marigny, frère de sa maîtresse Madame de Pompadour, fait effectuer des travaux de réparation et de consolidation. La guerre de Sept Ans ( 1756 à 1763) interrompt une première fois les travaux en 1759. Ils reprennent après la paix, mais l'arrêt est définitif jusqu'en 1779.

Avec l'accession du comte d'Angiviller à la surintendance, la construction du palais du Louvre retrouve une certaine fortune. L'idée de créer un musée au Louvre à partir des collections royales est reprise par le nouveau surintendant. Il souhaite également réaliser des aménagements appropriés à l'intérieur du palais. Se pose alors le problème de la Grande Galerie, sur lequel Soufflot est chargé de réfléchir.

La construction du Palais-du-Louvre pendant la Révolution : naissance du musée du Louvre

En 1789, le comte d'Angiviller avait déjà proposé un musée dans le palais du Louvre. Contraint de démissionner, il le confie aux Etats Généraux (Assemblée nationale)l qui, le 21 juin, adoptent l'idée. A cette époque, les collections nationales s'enrichissent brutalement par la confiscation des biens du clergé (2 novembre 1789), des biens des émigrés (8 août), et la suppression des académies (8 août 1792).

Dès 1790, l'Assemblée nationale prend véritablement conscience de la nécessité de préserver les œuvres, et d'arrêter les destructions massives. Le 1er décembre 1790, elle crée une commission chargée de recenser les monuments et les œuvres d'art nationalisés.

Napoléon 1er et le palais du Louvre : continuation du Grand Dessein

Dès le Premier Empire, Napoléon 1er s'installe dans le palais voisin des Tuileries. Pierre Fontaine est nommé architecte des palais du Louvre et des Tuileries le 13 décembre 1804. Il s'associera avec Charles Percier.

De 1805 à 1810, Fontaine et Percier travaillent à l'achèvement de la Cour Carrée, en respectant le style des bâtiments antérieurs :

De 1809 à 1812, c'est la construction du grand escalier menant au musée du Louvre. Ce grand escalier, chef d'œuvre de l'architecture napoléonienne, a ensuite été détruit pour construire l'escalier Daru. Une partie de la décoration de cet escalier est visible dans les salles Percier et Fontaine.

Des peintures ont également été commandées pour la décoration intérieure.

En 1810, Napoléon 1er accepte le plan du Grand Dessein réunissant les palais du Louvre et des Tuileries, proposé par Fontaine et Percier. Le quartier situé entre le Louvre et les Tuileries est donc rasé, y compris l'église Saint-Louis-du-Louvres, en 1811.

La construction du palais du Louvre sous la Restauration

Après la chute du Premier Empire (1815), les travaux sont toujours dirigés par les architectes Charles Percier et Pierre Fontaine, sous le contrôle de la direction du musée, sous l'autorité du comte de Forbin. Louis XVIII et Charles X voulaient redonner au palais son lustre et son utilité publique.

Louis XVIII fait compléter l'aile Napoléon 1er le long de la rue de Rivoli par le Pavillon de Rohan et la décoration de la Cour Carrée.

Cependant, la plupart des travaux effectués sur le palais du Louvre sous la Restauration sont des aménagements intérieurs.

La Seconde République et l'achèvement de la construction du Palais-du-Louvre

Les palais nationaux sont rattachés à la liste civile du prince-président Louis Napoléon Bonaparte le 14 janvier 1852. Le Conseil général des bâtiments se réunit du 26 février au 1er mars 1852.

Le projet de Visconti est approuvé. Il doit prendre en charge l'organisation du chantier des palais du Louvre et des Tuileries à partir du 12 mars. Le 14 mars, il demande la création d'une agence de travaux et de locaux. Le 8 mai, un décret décide que le nouveau palais doit être construit en cinq ans avec un budget de 25 millions de francs. L'agence est créée par un décret du ministre d'État le 26 mai.

Napoléon III et le Louvre : achèvement du Grand Dessein

Le 8 mars 1853, Napoléon III décide d'organiser l'Exposition universelle de 1855 à Paris. Il demande que le gros œuvre du nouveau palais du Louvre soit achevé au début de l'exposition.

Le 13 février 1854, Hector-Martin Lefuel, architecte du Palais de Fontainebleau, est nommé architecte chargé de diriger les travaux de réunion et d'achèvement du Louvre. Il doit achever l'œuvre des siècles précédents, en réunissant enfin le Louvre et les Tuileries.

Il achève l'aile de la rue de Rivoli, conçue sous Napoléon 1er pour être symétrique à la galerie du front de mer. Elle fut elle-même modifiée et abrite désormais le grand escalier, principal accès aux galeries du musée jusqu'aux transformations de la fin du XXe siècle.

Les pavillons entourant l'actuelle cour pyramidale et délimitant quatre cours intérieures ont également été construits. Le gros œuvre est pratiquement achevé au début de l'année 1855. Le palais du Louvre est achevé et inauguré par Napoléon III le 14 août 1857.

La Troisième République et la destruction du palais des Tuileries

Les événements tragiques de la Commune, en 1871, entraînent l'incendie du palais des Tuileries voisin du Louvre, construit sous Catherine de Médicis au XVIe siècle. L'aile nord du Louvre brûle également. Le nouveau gouvernement républicain charge Lefuel de reconstruire le pavillon Marsan sur le modèle de ce qu'il avait déjà fait au Pavillon de Flore, ainsi qu'une partie de l'aile Rohan.

Ces travaux sont réalisés entre 1874 et 1880, mais le manque d'argent empêche Lefuel de construire un pendant au pavillon des Sessions. Ce projet devait abriter un théâtre, ainsi que les grands guichets du nord, semblables à ceux déjà construits au sud.

Le palais des Tuileries est resté en ruines pendant douze ans et n'a jamais été reconstruit. Bien sûr, il était prévu de reconstruire un bâtiment qui rappellerait les proportions du Palais des Tuileries disparu pour abriter un musée d'art moderne, mais l'instabilité politique persistait et repoussait toute décision.

En 1963, le ministre de la Culture, André Malraux, décide de recréer les fossés orientaux du Louvre devant la colonnade de Perrault, de raser les jardins et de supprimer les grilles. Ce projet ne correspondait pas à un projet historique et a contribué à détacher le palais de la ville pour le mettre en valeur.

L'époque contemporaine : le Grand Louvre

De 1981 à 1999, le palais a fait l'objet d'importants travaux de modernisation, connus sous le nom de Grand Louvre. Ils ont consisté à rendre à l'ensemble du palais du Louvre sa fonction de musée (jusqu'en 1989, une partie de celui-ci abritait également le ministère des Finances) et se caractérisent par la construction de la pyramide de verre (inaugurée le 30 mars 1989). La "Pyramide", située au milieu de la Cour Napoléon, est l'œuvre de l'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei. Elle mène à un grand hall de réception souterrain. Une copie en plomb de la Statue équestre de Louis XIV sous les traits de Marcus Curtius de Le Bernin et Girardon a ensuite été ajoutée.

Les travaux de construction et d'aménagement ont permis de découvrir d'importants vestiges de la forteresse médiévale, qui ont été intégrés à l'offre de visite du musée.

Aujourd'hui, le palais abrite :

• le musée du Louvre (pour plus d'informations, cliquez sur le musée du Louvre),
• les Arts décoratifs et ses collections (arts décoratifs, mode et textiles) et le musée de la Publicité, situé à côté (collections de publicité, bibliothèque et ateliers du Carrousel)
• l'École du Louvre pour les Arts (sites de Rohan et de Flore),
• le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) : laboratoire du Carrousel et ateliers de Flore pour restaurer les œuvres d'art des musées français ou internationaux,
• les galeries marchandes du Carrousel du Louvre : 16 000 mètres carrés, plus de 50 boutiques,
• l'espace d'exposition du Carrousel du Louvre à Paris Expo : 7 100 mètres carrés, 4 salles conçues pour accueillir des événements prestigieux.